Ma petite mère, Maman, je ne sais pas où elle est exactement. Quelque part entre ici et là-bas.
Je pense à elle tous les jours, je la croise parfois au détour d’une situation ou lorsque je me regarde dans le miroir, je vois son sourire même s’il devient un petit peu plus flou.
Elle s’est éteinte – j’aime bien cette expression-là – voici quelques années. J’étais là, bien sûr, comme tous ceux qui sont partis sans moi. Me laissant derrière ahurie et sans doute plus forte.
J’avais écrit ce texte pour la carte de remerciement aux amis. Je le reprend aujourd’hui pour lui rendre hommage.
Elle était douce, si douce…
Bonne, tendre, coquette et coquine
Elle aimait les voyages, le shopping
Le champagne, le homard et les asperges
L’air de Paris et le soleil de Miami
La regarder vivre était une leçon de savoir-vivre
La regarder manger était un cours d’étiquette
La regarder assise bien droite, une leçon de maintien
On se sentait toujours un peu lourd à côté d’elle
C’était une princesse-orpheline, une reine de beauté, une soie
Un modèle de raffinement
Elle aurait eu 94 ans le 8 mars, Journée de la Femme
Ça lui allait si bien ce jour d’anniversaire…
Elle avait toute sa tête et rien ne lui échappait
Ses yeux étaient de cuivre et d’or
Ses mains… des papillons se posant sur les choses
Son rire moqueur… une cascade
Ses larmes … une fontaine
Elle charmait tout le monde au passage
Personne ne lui avait jamais résisté d’ailleurs
Elle était gâtée, comblée, entourée, aimée
Elle n’avait pas de regrets et toujours un projet
C’était un petit oiseau fort et fragile : un moineau du Québec
Elle traversait les hivers sans laisser de traces
Guettant les premières tulipes et les quatre-saisons
Elle me parlait de sa mère morte lorsqu’elle avait cinq ans
Des robes de fées fabriquées sur commande
De son père qu’elle avait adoré, si beau et si tendre lui aussi
Je savais tout de sa vie. Celle d’avant moi avec mon père Michel
Celle de la jeune veuve, belle et convoitée
Puis celle de la mariée du beau Capitaine, papa Phil
J’étais sa chouette, sa petite pépille
Elle m’a appris le sens des choses bien faites
L’ importance des amis et de la famille, la générosité
Ne jamais se coucher fâchée, ramasser les 2 $ comme un jeu
Écrire des cartes aux fêtes et anniversaires en tous genres
Cuisiner pour ceux qu’on aime. Découper des articles intéressants
Prendre et garder des photos. Invoquer St-Antoine-des-objets-perdus
Devenir un porte-chats tant ils aimaient dormir sur ses genoux
Téléphoner aux amis pour prendre de leurs nouvelles
Elle m’a enseigné tout cela
Et d’autres choses encore qui resteront entre elle et moi…
MaMia,
Je fais partie des privilégiées qui avait reçu ce texte hommage, peu après qu’elle se soit éteinte… Et tu sais quoi? Je l’ai toujours conservé, c’est un modèle du genre. Et tu fais bien de le publier ici, il n’a pas vieilli.
Et elle t’a laissé le plus bel héritage, celui du coeur qui n’oublie pas…
Bonjour Mia,
Ça me fait tout drôle de relire cette carte ce matin parce que justement, j’ai beaucoup pensé à ta maman hier. Et je pense toujours à son conseil quand je suis tentée de me coucher fâchée. (ce n’est pas toujours suffisant mais j’essaie).
Ceux qui ne l’ont pas connue peuvent croire que tu l’idéalises mais moi qui l’ai bien connue, je sais comme elle était la « classe » incarnée, mais pas une classe rigide et sèche, une classe chaleureuse et tendre. D’ailleurs, toute sa personnalité était reflétée dans sa voix de velours, une très belle voix grave au timbre riche et doux. Je l’ai encore dans l’oreille.
Hélène
Quel bel hommage, magnifique.
Merci chère Hélène!
Elle t’aimait beaucoup aussi.
Alors voilà quelque chose que l’on partage toi et moi: la Mémoire et la transmission.
Sans doute pour cela que nous sommes amies depuis si longtemps!