Bon, j’ai plus de 35 ans.  Mais je me sens complètement Muppie.  Ce n’est pas une question d’âge (uniquement), cela relève plus de l’attitude.

Ah! l’attitude!  Faudra que je vous en reparle!

Alternative et ultraconnectée : portrait de la « muppie », la business girl du futur

Par Marion Galy-Ramounot | Le 03 février 2015
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Elles sont hyperconnectées, possèdent des start-up, brillent sur Twitter, s’adonnent au yoga… Elles ? Les muppies. Ces néo-superwomen font exploser les codes du business traditionnel. Analyse.

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Si vous lisez (attentivement) cet article avant de filer à votre cours de yoga, en sirotant un smoothie concombre-épinard d’une main et en planifiant un city break à Berlin sur votre iPad de l’autre, vous pouvez vous vanter d’appartenir à cette génération de femmes en voie de colonisation des villes de plus de 100.000 habitants : les « muppies ». Contraction de « millennials » (nées à l’heure du digital) et de « yuppies » (les money makers des années 1980), le terme est l’invention de l’auteure américaine Michelle Miller*, qui, en voulant définir les personnages de son futur roman, a levé le voile sur une nouvelle tribu citadine, désormais décryptée sur tous les blogs tendance aux États-Unis. Qui est cette « muppie », dérivée de la génération Y ?

« Elle a entre 22 et 35 ans, a fait des études supérieures, se félicite d’une vie sociale épanouie, passe quotidiennement une heure sur les réseaux sociaux, trente minutes sur les e-shops, quarante minutes à penser au menu de son déjeuner, quarante autres à changer d’emploi », décode Michelle Miller. Pour expliquer l’apparition de cette nouvelle espèce, l’ancienne étudiante de l’université Stanford, ex-consultante auprès de la banque privée JP Morgan, met clairement en cause la crise financière de 2008. « Six ans après la faillite de la banque Lehman Brothers, Gordon Gekko (requin de la finance interprété par Michael Douglas dans Wall Street, le film d’Oliver Stone, sorti en 1987, NDLR) fait nettement moins rêver. La nouvelle génération a compris que la réussite par l’argent n’était pas une fin en soi. »

L’ère du « share what you know »

Résultat : la muppie est, certes, gouvernée par des idéaux de succès et de pouvoir, mais aussi (surtout ?) par une quête de bien-être intérieur. Il y a trente ans, on prospérait peut-être au 72e étage d’une tour à Wall Street… Aujourd’hui, on s’accomplit à la tête d’une start-up qui va changer le monde ! En 1985, on comptait les zéros derrière ses bonus tout en s’autocongratulant avec une Rolex et une BMW. En 2015, on compte ses followers sur Instagram pendant un business trip à Hongkong, le tout en jean bleached Zara. Les baby-boomers fumaient le cigare devant la série Dallas ? Leurs enfants tweetent en regardant Game of Thrones en streaming. Que les choses soient claires : la muppie n’est pas une matérialiste. Plus que posséder, elle aime expérimenter. Et plus cela favorise son développement personnel, mieux c’est. « C’est un peu comme si on fusionnait Victoria Beckham et Gwyneth Paltrow, imagine Nathalie Rozborski, du bureau de style Nelly Rodi. Le bourreau de travail control freak et la gourou naturopathe. » Une mutante compétitive mais bienveillante, que la tendanceuse observe désormais largement à Paris. « Les rédactrices en chef de mode, publicitaires, leaders d’opinion, entrepreneuses du Web… elles ont toutes ce côté Margaret Thatcher version Instagram. »

Hyperconquérante, antisuperficielle, féminine, entreprenante, cool, ultraconnectée… la muppie pourrait-elle être la femme que l’on attendait : bien dans son travail, dans ses escarpins et dans sa tête ? « C’est tout à fait possible, prédit Nathalie Rozborski. Elle appartient à une génération qui a le courage de casser les codes pour réinventer un monde qui lui ressemble. » Une génération qui s’est élevée avec Carrie Bradshaw dans Sex & The City, et qui se fortifie avec Hannah Horvath dans Girls. Si elle a déjà investi les secteurs de la création, la muppie brillera sans doute très vite dans ceux de la politique et de l’économie. Bientôt, qui sait, elle dirigera le monde. En attendant, rassurez-vous : si votre N + 1 a plus de cinq mille abonnés sur Twitter, combine fréquemment un top H&M avec une paire de Louboutin, se drogue au thé matcha et fait parfois des salutations au soleil pendant ses horaires de travail, sachez qu’elle n’est pas forcément folle. Elle représente peut-être tout simplement notre avenir.

* Auteur et créatrice de la websérie sur les muppies, The Underwriting. www.theunderwriting.com

P.S.  À titre de « Consultante du Superflu », ça doit bien faire dix ans que je parle de « websérie » et qu’on me riait au nez en me disant que personne ne regarderait ça!

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