(Article de Sidonie Sigrist pour Figaro Madame)
À 25 ans, Lena Dunham a déjà signé un long-métrage et une myriade de courts et vient de boucler les premiers épisodes de Girls, l’anti Sex and The City. Portrait de celle que l’on compare déjà à Woody Allen.
Girls avait trois bonnes fées penchées sur son berceau : un producteur-clé, Judd Apatow, maître US de la comédie potache (Freaks and Geeks, 40 ans, toujours puceau, Sans Sarah, rien ne va !…), une chaîne réputée, HBO, et une réalisatrice indé un peu barrée, Lena Dunham. Si le pitch de la série a comme un air de déjà-vu – les aventures de quatre copines à New York –, la ressemblance avec Sex and The City s’arrête ici. Dans un entretien au New Yorker, Lena Dunham expliquait sa volonté d’écrire une série qui évoque réellement la vie postuniversitaire. Pas de taille zéro, ni de Jimmy Choo donc. Dans Girls, les formes sont assumées, les budgets serrés, les hommes malmènent les corps et les cœurs et l’écriture est rythmée par un humour acerbe. Quand Hannah (interprétée par Lena herself) consulte pour une MST, son médecin lâche, un brin écœurée : « On ne pourrait pas me payer pour avoir 25 ans à nouveau. » Et Hannah de répliquer : « Je ne suis même pas payée. » Le ton est donné.
Si la critique a bien accueilli la série, un « Dunhamgate » s’est propagé sur la Toile après la diffusion du premier épisode. En cause, l’absence de représentation ethnique et sociale chère aux Américains. Girls serait donc loin d’incarner « la voix d’une génération », comme le prétend Hannah (sous trip d’opium) à propos du livre qu’elle est en train d’écrire. Lena Dunham s’est défendue en soulignant le second degré de cette scène. HBO semble pour sa part apprécier puisque la chaîne a décidé de reconduire la série pour une seconde saison.
Lena Dunham n’en est pas à son premier clap. En 2010, son premier film, Tiny Furniture, couronné du Prix du jury du festival indépendant SXSW, avait tapé dans l’œil de Judd Apatow. Après les vingt première minutes, il se serait tourné vers sa femme pour lui chuchoter : « Suis-je fou ou ceci est incroyablement bon ? » rapporte The New Yorker. La jeune réalisatrice a l’heureuse (ou fâcheuse ?) habitude de s’inspirer de sa vie pour nourrir ses scénarios. Dans Tiny Furniture, elle met en scène son histoire et sa famille dans son propre appartement. La journaliste du New Yorker de s’interroger alors : « Lena Dunham et son petit monde sont-ils aussi précieusement intéressants qu’elle l’espère ? », avant de (se) répondre : « Étrangement, oui. »
Lena Dunham mène ainsi sa double vie, devant et derrière la caméra, avec une certaine légèreté. Et pour cause, on la compare déjà à Woody Allen. Tous deux font des films « sur les tribulations cocasses d’intellos moches ». Mais selon Vogue US, à la différence de son aîné new-yorkais, Lena « ne romantise pas Manhattan », ne se garde pas les meilleurs répliques et « ne copie pas la marque de fabrique d’Allen sur la fantaisie adolescente ». Une Girl à suivre, donc.